23 bis : guérir au dépend d’une partie de mon imagination
31/12/2008
Témoignages > Bipolarité > La vie bipolaire de Melle M
Mardi 10 février 2009
07h58
J’attends les effets de la baisse de lithium sans trop d’impatiente contrairement â avant où je comptais les jours au moindre changement de doses. Je me sens plus sereine pour affronter les mauvaises passes. Je suis cyclothymique et je fais avec, tout comme ceux qui doivent composer avec un autre handicap. Pour ce faire, il a fallu plusieurs années, notamment pour parvenir â vous écouter sur le fait que mes capacités n’étaient pas en cause mais que je n’étais pas en mesure de bâtir du solide tant que je transpirais la maladie. Je n’ai pas bien vécu cette période de gestation car tiraillée entre la volonté de bouger et l’impossibilité de construire. Une fois l’idée admise, j’ai été prise d’un grand soulagement, une déculpabilisation en autre. Mon beau-frère souffre aussi de troubles psychiatriques et je le vois traverser cette étape qui paraît interminable, où le moteur voudrait faire ses preuves mais la boîte de vitesse reste coincée au point mort. Et on s’essouffle, et on tambourine dans le vide, et on trépigne d’insatisfaction et on se demande jusqu’où, et vers où se diriger pour faire autre chose que de regarder les mouches voler. Je n’ai rien de particulier contre ces insectes mais qu’elles sont dures â suivre ! La bipolarité existe t’elle chez nos amis les animaux ? Ce serait intéressant !
Autrement dit, d’après mon expérience, il faut traverser plusieurs processus de guérison, aux dépends de notre volonté. Accepter la maladie est une chose, se soigner en est une autre, considérer le présent avec claire voyance est tout aussi important pour ne pas aller en croisade contre les praticiens, encore moins contre soi-même. Miser sur le bon psychiatre après avoir écumé l’ignorance des outsiders est en soi le premier pas, mais non le dernier. Il ne s’agit pas d’une course quinté plus, il n’y a pas non plus un prix â la clé si ce n’est celui de se voir s’éveiller sans forcer jusqu’au trot, il viendra en son temps. En fait j’ai écris tout ceci alors que tout se résume â la patience et rester ouvert aux remarques pertinentes.
Mercredi 11 février 2009
09h04
J’aurais bien aimé parler "d’accompagnant" et "d’accompagné" mais le sujet est très vaste car j’ai accompagné ma mère et j’ai été accompagnée par Y.. Tout ceci est largement chargé en émotions. J’ai vécu au rythme de l’une et imposé le mien â l’autre. A présent, c’est ma mère qui me demande des conseils et Y. m’en prodigue. Je n’ose pas développer les arguments de l’amour, d’autres l’ont fait avant moi et bien mieux. Comme toujours, en cas de problème, les uns s’éloignent, les autres se rapprochent et c’est ce que j’ai vécu avec ma mère et Y. Les sentiments ont pris leur véritable place. A l’origine, c’était l’amitié qui me reliait â Y. et nous ne demandions pas mieux jusqu’â ce que l’intimité s’immisce et voici comment une maladie peut ouvrir des portes totalement insoupçonnables. Le comble est que, déjâ gamine, je rêvais d’épouser mon meilleur ami et j’avais oublié ces voeux que je croyais pieux.
Toujours est-il que j’ai eu beaucoup de chance d’avoir été si bien entourée et j’en ai une conscience aiguë car il ne fait aucun mystère que vivre seule, par sal temps, rend incontestablement l’épreuve plus difficile. Il n’y a qu’â lire d’autres témoignages pour se rendre compte de l’importance des forums pour ceux qui découvrent la cyclothymie autant que pour ceux sous traitement et pour les revenants de la croisade. Etrangement, je me suis éloignée de tous ces sites. Une sorte d’overdose sans oublier qu’une spécialité de la maladie est de passer du coq â l’âne, sans grande transition.
A part ça, je m’use â retrouver mes songes, encore et toujours, rendez moi mon imagination !