Association CTAH-Recherche
Juliette et la bipolarité

Cyclothymie sur pratis TV31/10/2011Le Docteur Hantouche et Vincent Trybou ont fait deux émissions pour Pratis, la chaine internet réservée aux médecins.

La première émission porte sur lʼanxiété et le Trouble dʼAnxiété Généralisée (TAG) et est consultable, après inscription sur Pratis, ici : http://www.pratis.com/shared/skins/pratis_med/modules/webtv/video_player.php?id=3465

La seconde émission porte sur les TOC et sera diffusée prochainement.

Deux émissions du Docteur Hantouche sur la cyclothymie sont disponibles sur Pratis depuis 2009.


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TOC, sortir de lʼenfer de lʼobsession11/10/2011Article du Journal Femme Actuelle du 10/16 OCT 11

Se laver les mains cinquante fois par jour, vérifier dix fois quʼon a fermé la porte, compter sans cesse les marches... tous ces gestes incontrôlables font partie des troubles obsessionnels compulsifs. Comment vivre avec un TOC et sʼen débarrasser, avec le Dr Hantouche, psychiatre. PAR MARIE-CHRISTINE DEPRUND
lire lʼarticle.
La Cyclothymie, pour le pire et pour le meilleur : bipolarité et créativité10/10/2011Il y a deux ans, lors de la parution de son livre « La cyclothymie, pour le pire et pour le meilleur : bipolarité et créativité », le Dr Hantouche a été reçu par une journaliste du Nouvel Obs pour discuter de la cyclothymie.

Le Dr Hantouche explique ce qu’est la cyclothymie et comment la soigner.
Il parle des tempéraments, et de la nécessité de les prendre en compte lors de l’élaboration du traitement. Il évoque aussi les questions du mésusage des antidépresseurs, de la confusion entre trouble borderline et trouble cyclothymique, du terme « bipolarité atténuée »...

Il s’agit aussi de créativité, et de son lien avec le trouble bipolaire, et avec la cyclothymie en particulier. Comment la cyclothymie peut-elle favoriser la créativité ? Comment la créativité peut-elle influencer positivement la cyclothymie et la qualité de vie du cyclothymique ?

Citation du Dr Elie Hantouche : « Les cyclothymiques sont dans l’anti-chambre de tout : ils ne sont ni malades, ni fous, ni normaux ».


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« Priorité santé » dédiée à la cyclothymie10/10/2011Emission de radio : Vincent Trybou et Caline Majdalani sur RFI
Il s’agit de l’émission de RFI « Priorité santé » dédiée à la cyclothymie, diffusée le 9 avril 2009, que l’on peut écouter et télécharger ici :
http://www.rfi.fr/radiofr/editions/072/edition_57_20090409.asp
A l’occasion de la parution du livre « Soigner sa cyclothymie : sept clés pour retrouver le contrôle de soi », co-écrit par le Dr Hantouche et par Vincent Trybou, ce dernier et Caline Majdalani ont parlé de la cyclothymie.
La première partie de l’émission est consacrée à la définition de la cyclothymie, et la seconde à la prise en charge des cyclothymiques. Aux interventions des psychologues, succèdent plusieurs témoignages de cyclothymiques, ou personnes pensant l’être.
Qui est cyclothymique ? A quel âge apparaît la cyclothymie ? Quelle est la différence entre le tempérament cyclothymique et le trouble ? Quand consulter ? Comment soigner une cyclothymie ? Comment se déroule une psychothérapie adaptée ?...
Autant de questions auxquelles répondent les psychologues Caline Majdalani et Vincent Trybou, qui rappellent que la cyclothymie est trop méconnue de la part de beaucoup de psychiatres, et qui évoquent les dangers de la cyclothymie et de ses troubles associés.
A noter, la participation du Dr Aida Sylla, chef de service à l’hôpital psychiatrique de Thiaroye à Dakar au Sénégal, qui raconte comment se fait la prise en charge des cyclothymiques dans son pays.


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Glenn Close s’engage auprès de sa sœur bipolaire10/10/2011Glenn Close s’engage auprès de sa sœur bipolaire pour lutter contre les préjugés liés aux maladies psychiques.

Toutes deux ont participé, en 2009, à une campagne nationale dont le but est la déstigmatisation des maladies mentales. En voici la vidéo : http://www.youtube.com/user/bringchange2mind

Glenn Close a créé une association, BringChange2Mind.org, en partenariat avec d’autres associations de malades, qui s’est donné deux missions :
- aux personnes qui ne connaissent pas les maladies psychiques, leur donner accès à de l’information
- aux personnes malades, leur donner accès à de l’information et du soutien
Tout ceci afin de combattre la stigmatisation, qui empêche les malades de se soigner correctement et de mener une vie épanouie.

Dans ce but a été créé le site http://www.bringchange2mind.org/

On y trouve beaucoup de choses.
Les personnes ayant participé à la vidéo y sont interviewées. On retrouve donc Glenn Close et sa sœur, parlant de la bipolarité de cette dernière.
Y sont disponibles des informations de base sur la schizophrénie, la dépression, le stress post traumatique et le trouble bipolaire, ainsi que des coordonnées d’associations auprès desquelles trouver de l’aide.
A noter, une intéressante partie nommée « Fact/Fiction » (Réalité/Mythe), dans laquelle sont évoquées les idées reçues concernant les maladies psychiques.
Il y a aussi une section témoignages, dans laquelle toute personne concernée est invitée à raconter son histoire…

Evidemment, tout ceci est en anglais.

Une très jolie initiative. A quand l’équivalent en France ?


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Bipolaire : je ne veux pas mourir, mais en finir avec la vie2/10/2011

Ann Heberlein et le suicide


Un libre passionnant et déchirant. A lire, le cœur bien accroché, et avant un bain bien chaud.

Bipolaire : Je ne veux pas mourir, mais en finir avec la vie. Ed. Actes Sud (Coll. Questions de Société) 18 euros


Retrouvez toute lʼanalyse sur ma rubrique et pourquoi vous frottez au Journal de Léa du Dr Hantouche et Melle Faucheux ?


Juliette


Le jour où ma fille est devenue folle21/9/2011

« Le jour où ma fille est devenue folle »
de Michael Greenberg

« Le 5 Juillet 1996, ma fille est devenue folle. »

Ainsi débute le très beau livre de Michael Greenberg dans lequel il raconte la première phase maniaque de sa fille Sally. Un livre remarquable, rempli d’amour d’un père pour sa fille ; un très beau portrait de jeune femme faisant l’expérience de la manie, de sa famille découvrant le trouble bipolaire ; un document très intéressant dans lequel un homme partage le fruit de ses observations et de ses recherches sur la psychose et la manie ; un témoignage très touchant, très émouvant, dans lequel le mot « folie » est employé avec honnêteté et ne fait plus peur, et duquel une magnifique humanité se dégage.

Oui je sais, je viens d’écrire une phrase qui fait plusieurs lignes, remplie de « très » et d’adjectifs dithyrambiques, mais je m’en fiche, je suis cyclothymique, je n’ai aucun sens des mesures, comme le dit un de mes amis, je suis « hyperbolique ». J’ai aimé ce livre et ce texte est un compte-rendu de lecture écrit à la première personne. Je suis bipolaire et j’ai aimé un témoignage sur le trouble bipolaire, et voici pourquoi.

LE RECIT


Première partie. Sally a 15 ans et vit à New York avec son père, Michael, et sa belle-mère, Pat. Michael est journaliste et écrivain et Pat est danseuse et chorégraphe. Sa mère vit dans le Vermont où elle tient une boulangerie.
Cela faisait quelques jours que Sally ne dormait plus et passait ses nuits à écouter de la musique en lisant et en écrivant de la poésie. Et, ce jour-là, elle va basculer dans la manie. Elle croit que tout le monde nait génial, et que c’est la société qui nous arrache le génie. Se sentant investie de la mission de rendre à tous le génie donné à la naissance, elle va apostropher les gens dans la rue pour le leur dire, et enfin courir sur la route pour arrêter les voitures. La police la ramènera chez elle.
Son père sera encore plus impressionné par son apparence et son comportement que par le contenu de son discours. Il raconte sa transformation physique, sa logorrhée, son énergie, sa grande force physique, sa tension, son agressivité, faisant là une description clinique parfaite de l’état maniaque.
Il va d’abord croire à une consommation de drogue, et s’y accrocher – cela signifierait que cet état aurait une fin. Mais il se résoudra finalement à conduire Sally aux urgences et elle sera admise en hôpital psychiatrique.

Seconde partie. Le séjour de Sally en HP et les visites quotidiennes de son père. Michael nous parle de sa douleur face à sa fille transformée non seulement par la manie, mais aussi par les médicaments. Il nous parle des soignants, des malades, dressant là de jolis portraits émouvants et non dénués d’humour ; mais aussi des répercussions de l’état de Sally sur les relations dans la famille, et de certaines révélations sur le passé qui sont alors faites. A la fin du séjour, a lieu une très intéressante réunion familiale avec la psychiatre et un assistant social pour définir le protocole de soins en vue de la sortie de Sally, et au bout de vingt quatre jours, elle sort.

Troisième partie. Sally rentre chez elle, suit sa thérapie, et va se rétablir. Michael s’interroge sur l’avenir de sa fille, se demande s’il va retrouver « la vraie Sally, la normale », mais aussi si elle l’a jamais été, et s’il l’a jamais connue. Il observe les effets des médicaments sur elle, et va faire une expérience étonnante : il va prendre son traitement pour essayer de comprendre ce qu’elle vit, ce qui donne une scène comique, et bouleversante pour qui prend ce genre de médicaments tous les jours. Puis arrive ce qui pour lui est la sortie de crise de Sally, le rétablissement du dialogue entre eux, il a retrouvé sa fille, « elle se réveille »… Enfin, stabilisée mais encore fragile, elle s’interroge sur ce qu’elle vient de vivre et va finir par retourner à l’école.

Dans le prologue, Michael nous résume la suite de la vie de sa fille et nous apprend que Sally rechutera sévèrement deux fois en dix ans, ce qui l’a obligée à abandonner l’université mais qu’elle cherche toujours courageusement son équilibre.

SALLY ET MICHAEL


On en apprend beaucoup sur l’enfance de Sally, et sur le fait que son épisode maniaque ne sort pas de nulle part. Il y avait des signes, depuis sa plus tendre enfance.
Dès sa naissance, elle n’avait « pas la moindre paix en elle ». Agitée, inquiète, désobéissante. A l’école primaire, elle a connu de graves difficultés d’apprentissage, et a dû intégrer une école spécialisée, malgré une intelligence aigüe. Les sautes d’humeur sont fréquentes. Il est évident qu’elle a toujours été une enfant originale et instable.

Je ne sais pas si c’est parce que je suis bipolaire et que je me suis certainement identifiée à elle, mais j’ai trouvée Sally particulièrement attachante. C’est un fait, sa sensibilité de maniaque m’a touchée. Mais il faut dire que son père en parle très bien… L’amour qu’il lui porte transpire de chaque page, et la description qu’il fait de sa « folie » est très intéressante. Elle est faite d’un mélange d’observations, de résultats de documentation scientifique, mais aussi d’exemples tirés de biographies d’artistes (comme celles de James Joyce et de sa fille Lucia, très souvent cités).

Mais ce qui me surprend vraiment dans sa façon de parler de la manie, c’est que j’ai l’impression qu’il la comprend. Il ne fait pas qu’en décrire les manifestations, il parle des mécanismes affectifs, intellectuels et émotionnels comme s’il les comprenait. J’ai été bluffée.
Par exemple, cette scène, à l’hôpital, où une infirmière, en faisant une prise de sang à Sally, tache sa robe : « Sur son visage, une expression assassine, comme si ce sang était une traînée de merde corrompant tout ce pour quoi elle s’est battue, sa pureté, sa vision, profondément profanées. Elle tremble follement. Ce que Sally a vécu, je m’en rends compte, c’est un fragile et effroyable triomphe sur le doute, et cette tache a en quelque sorte remis en question ce « triomphe ». C’est l’effondrement à venir, le ver dans le fruit, menaçant le mûrissement vermeil. Et Sally ne le tolérera pas. »
Mon Dieu mais comment sait-il cela ? Cela me semble un ressenti tellement intime de la chose. J’ai failli pleurer en lisant ce passage. C’est moi, ou il est d’une finesse et d’une sensibilité incroyables ?

Je suppose que sa fille l’a aidé dans l’écriture. Ou alors, il est cyclo lui-même. Ce ne serait pas étonnant… Lors de l’admission de sa fille à l’hôpital, il se retrouve très gêné devant le médecin en avouant que cela faisait plusieurs jours que sa fille alignait les nuits blanches à écrire compulsivement des poèmes « à la Sylvia Plath », et qu’il ne s’était pas inquiété. « Je suppose que je suis très tolérant vis-à-vis des comportement aberrants », lui dit-il.

Il se trouve que le frère de Michael, Steve, souffre de maladie psychiatrique depuis jeune adulte (schizophrénie ? trouble bipolaire ? cela n’est pas précisé), et sa mère lui confie avoir connu une sévère dépression post partum à la naissance de ce dernier.
De façon générale, ce livre est peuplé de personnages qui sont tous barrés, à leur manière.
La mère de Sally, Robin, boulangère et artiste, verse dans le New Age, et a une vision toute personnelle de la manie de sa fille, décrivant une chaleur irradiante que Sally ne peut pas encore assumer. Michael la décrit comme instable depuis toujours.
Pat, la femme de Michael, est décrite comme une originale, très sensible et très créative. Elle construit d’ailleurs pendant tout le livre un nouveau spectacle de danse dont le sujet sera la maladie mentale.
La thérapeute de Sally à sa sortie d’hôpital n’est pas en reste. Ce n’est pas clairement dit mais on peut comprendre, à la manière dont Michael en parle, qu’elle est bipolaire elle-même.
La voisine de Michael et Sally lui confiera que sa sœur est bipolaire.
Et, régulièrement, le récit est entrecoupé de faits d’actualité. Accidents, actes terroristes, campagne électorale… Veut-il dire que la vie continue ? En évoquant la violence de l’extérieur, sous-entend-il que la folie n’en est que plus humaine ?

Quoiqu’il en soit, et malgré sa douleur, il est évident que Michael est fasciné par la manie de sa fille. Il est terrorisé de ne plus la reconnaître, il est terrorisé à l’idée de ne plus la retrouver, mais il est bel et bien fasciné.
« Je me sens impuissant en la regardant. Et pourtant je suis galvanisé par cette intense animation. » Et, lorsqu’il apprend le diagnostic de sa fille, sa réaction est la suivante : « En fait, c’est le diagnostic que j’avais espéré parce que c’est le plus léger d’un point de vue social, bien plus que l’autre diagnostic fatal, celui de la schizophrénie. La maniaco-dépression est (…) la maladie de l’exubérance, de la volatilité, du magnétisme et de l’inventivité. Si seulement je pouvais y croire. » Ce qui me semble très ambigu.

Folle, elle est, folle, il l’aime. Et justement, l’emploi du mot « folle » est intéressant. J’ai vérifié, ce n’est pas un défaut de traduction vu qu’en version originale il dit « madness » et « mad ». J’ai trouvé sur le net une interview de lui où il explique que l’emploi de termes plus doux comme « trouble bipolaire » ne changera rien à la stigmatisation des maladies mentales, qu’il faut appeler un chat un chat et que ce qu’il a vécu avec sa fille relevait bel et bien de la folie, alors il emploie le mot « folie ».
Personnellement, je suis d’accord avec lui. Récemment, je parlais de folie moi-même au sujet de je ne sais plus quoi, et un ami, choqué, m’a dit « mais Juliette, comment, toi, peux-tu employer ce mot-là ? » Le mot folie ne me fait pas peur. Il m’est déjà arrivé de ne plus rien contrôler du tout, d’être dans la terreur de perdre la raison, et il est évident que je ne fonctionne pas comme tout le monde émotionnellement. Alors oui, je préfère appeler un chat un chat, et j’assume l’expression « je suis folle ».
Il ne fait pas l’apologie de la bipolarité, il ne prétend pas que ça les a rendus meilleurs… Mais son récit est exempt de tout misérabilisme, de tout regret. Il ne pleure pas sur leur sort. Il exprime très honnêtement sa souffrance, celle de sa fille, sa colère, son sentiment d’impuissance et de culpabilité. Sans pathos inutile.

A la fin de ma lecture, j’ai eu la curiosité de me demander quel était le titre original de ce livre. Eh bien, c’est : « Hurry Down Sunshine », ce qui peut être traduit par « Soleil, descends vite ». Il m’a surprise. Le décalage entre le titre français et le titre original n’est pas étonnant – ce n’est pas une première. Mais quel est ce Soleil à qui il s’adresse ? Est-ce sa fille ? Est-ce la manie ? Se pourrait-il que ce soit les deux ?

LES SOINS


Le parcours de soin de Sally m’a beaucoup intéressée.
Dès son admission à l’hôpital, après un entretien de quelques minutes avec un médecin, elle est diagnostiquée BP 1. La rapidité du diagnostic n’est en soi pas très étonnante, une phase maniaque se reconnaît facilement. Le médecin ajoute toutefois que ce diagnostic doit être précisé, car elle est jeune pour présenter une telle manie.

Là où ça devient très intéressant, c’est quand, à quelques jours de la sortie de Sally, a lieu une réunion pour la préparer. Sont présents la psychiatre qui l’a suivie durant son séjour, ses parents et son frère, ainsi qu’un assistant social. Durant cette réunion, le diagnostic officiel est posé : Trouble Bipolaire 1, et leur est expliqué. On leur parle d’une Clinique du Comportement pour Malades Externes et du nom de la psychiatre qui y suivra Sally à sa sortie. Ce qui est très solide en qualité de suivi thérapeutique. J’ai été hospitalisée moi-même en clinique psy, et à ma sortie j’ai été lâchée en pleine nature, ni plus, ni moins.

Mais, ce qui m’a le plus impressionnée, c’est l’établissement par l’assistant social d’un « contrat de bien être », série de directives à suivre quand Sally rentrera à la maison, « équivalent des douze étapes des alcooliques anonymes ».
« La maladie maniaco-dépressive est une maladie biologique. Je ne peux pas la faire disparaître juste parce que je veux qu’elle disparaisse. Mais je peux la gérer et je peux la contrôler. Comment je peux faire ça ? … »
Cela m’a presque choquée. Que tout naturellement, il soit établi qu’une maladie psychiatrique, et en l’occurrence, le trouble bipolaire, soit reconnue comme « biologique ». Sans débat. C’est inenvisageable en France aujourd’hui en 2011. Il y aurait levée de boucliers, cris scandalisés, débats interminables sur l’influence de l’environnement et sur l’éternelle opposition nature/culture, et on dirait encore que les Américains sont des cons…
Après le petit texte sur la maniaco-dépression et les bonnes résolutions, s’ensuivent recommandations (hygiène de vie, suivi du traitement…) et établissement d’une liste d’étapes, allant de la visite d’une amie de quinze minutes à la sortie en ville toute seule à volonté, en fonction du bon respect des recommandations. Une sorte de mini manuel d’auto-gestion de sa bipolarité, à destination du malade et de sa famille. J’ai trouvé ça génial. C’était il y a quinze ans, en 1996 ! Ca fait dix ans que je n’ai pas mis un pied dans un HP mais je me demande s’il existe l’équivalent en France.

# Son traitement, maintenant.Lithium (thymorégulateur)
# Depakote (thymorégulateur)
# Haldol (neuroleptique)
# Cogentin (contre les tremblements)
# Barbiturique
# Anxiolytique

Traitement de cheval, mais… pas d’anti-dépresseur. Bon point.
Les neuroleptiques, barbituriques, anxiolytiques seront baissés au fur et à mesure des semaines. Le lithium se révélant inefficace, il sera remplacé par de l’acide valérique, que je ne connais pas.
La psychiatre qui suit Sally quand elle sort de l’hôpital, quant à elle, lui fait tenir un journal de ses humeurs.
J’ai effectivement été impressionnée par la qualité des soins dont a bénéficié Sally. Et pourtant, son père n’est pas quelqu’un d’important et n’a pas de mutuelle.

Personnellement, je n’ai aucune opinion particulière sur les Américains, même si je pense que je n’irai jamais aux Etats-Unis – aucune envie d’aller dans un pays où je dois remplir un questionnaire de santé pour être autorisée à y séjourner. Cependant, j’aurais préféré être BP 1 en Amérique en 1996 que cyclothymique en France en 1995. C’est ce qui m’est arrivé, mon médecin généraliste m’a dit que je souffrais d’une « micro-dépression sous-jacente » accompagnant mes attaques de panique, et m’a donné du Deroxat. Ce fut le début de mon chemin de croix.

« Si mes intuitions n’étaient pas vraies, alors qu’est ce qui est vrai ? »

C’est ce que se demande Sally quand elle se rétablit. « Elle se demande comment quelque chose d’aussi intense et évident peut se révéler aussi faux. (…) Elle semble avoir considérablement mûri. Je me rends compte qu’elle a acquis une autre dimension. La gamme de ses expériences semble immense. »

C’est ce que je me demande moi aussi, cyclo, parfois plusieurs fois par jour. Si ce que je ressentais ce matin n’est plus valable ce soir, alors qu’est ce qui est valable ? Puis-je croire en ce que je pense en cet instant ? Je n’ai toujours pas de réponse à ces questions. Je n’ai pas encore trouvé de sens à tout cela. Mais j’ai fini par comprendre que cette absence de sens n’enlevait pas de valeur à mon expérience.

En lisant ce livre, je me suis demandé ce qu’en penserait quelqu’un qui ne serait pas sensibilisé à la question de la maladie psy. Je serais très curieuse de savoir si son opinion sur la folie serait revue, si ses a priori seraient renforcés ou au contraire s’ils seraient mis à mal. Ce livre me semble si débordant d’humanité, ferait-il le même effet à quelqu’un qui ne serait ni bipolaire ni même touché par la question ???...

Enfin, je citerai la thérapeute de Sally qui lui fait je trouve une jolie description de la manie : « As-tu jamais eu une amie qui est tellement excitante que tu veux toujours être en sa compagnie, mais elle te conduit toujours au désastre et, au bout du compte, tu aimerais ne l’avoir jamais rencontrée ? Tu vois de quel genre de personne je veux parler : la fille qui veut aller toujours plus vite, qui en veut toujours plus. La fille qui se sert la première et envoie tout le reste promener. (…) Une personne avide, charismatique, qui prétend être ton amie. Nous ne pouvons pas lui résister chaque fois, mais une des choses que nous allons essayer d’apprendre, c’est à la reconnaître pour ce qu’elle est. »

Voilà un très beau témoignage, un très beau portrait de jeune fille en proie à la bipolarité, un document très intéressant, et surtout… un très bon moment de lecture.

« Le jour où ma fille est devenue folle », Michael Greenberg. Ed. Flammarion, 2010.
La « cleptomane bipolaire »19/9/2011Voici la réponse du Tribunal Correctionnel de Rouen aux vols et achats délirants commis par une femme bipolaire en pleine phase (hypo?)maniaque : cliquez sur le lien de cet article.

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Emission de radio sur un hôpital psychiatrique particulier19/9/2011A l’occasion de l’application, depuis le 1er Août, de la nouvelle loi réformant les conditions de l’hospitalisation d’office en psychiatrie, France Inter a réalisé une émission sur un hôpital psychiatrique de la région bordelaise à l’approche différente, qui met l’accent sur la réinsertion de ses patients.

Il s’agit de l’hôpital de la petite ville de Cadillac. Il existe depuis le 19e siècle, et compte aujourd’hui 500 patients internés. Ce qui en fait un hôpital particulier, est que depuis 30 ans, il possède des structures qui accompagnent les patients stabilisés en fin de traitement à s’installer en ville dans des appartements. C’est ainsi que 150 malades vivent dans le centre ville de la petite ville de Cadillac, au milieu de ses habitants.
L’animatrice de l’émission est allée sur place interroger les acteurs de ce phénomène, médecin, patients, éducateur spécialisé, infirmier, commerçant mais aussi monsieur le Maire…

Cliquez sur le lien de lʼarticle pour écouter lʼémission.


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Festival Art et Psychiatrie à Paris du 21 au 24 Septembre19/9/2011Sur l’initiative du Docteur Gilles Roland-Manuel, psychiatre et fondateur de l’association Futur Composé, le Festival Futur Composé réunit tous les 2 ans de jeunes autistes et psychotiques, éducateurs et artistes professionnels connus ou non, pour un spectacle artistique décliné sur un thème culturel du monde. Cette année, le festival aura lieu du 21 au 24 septembre 2011 à l’Hôtel de Ville de Paris, l’Espace Paris Plaine et l’Institut Culturel Italien.
4 jours de théâtre, musique, expositions, cinéma réuniront des productions européennes (France, Italie, Belgique, Croatie, Allemagne, Espagne, Portugal), interprétées pour partie par des personnes malades ou handicapées mentales.
Pendant quatre jours à Paris ces spectacles et manifestations artistiques pluridisciplinaires seront l’occasion de mesurer l’impact de ces expériences artistiques, sur l’évolution de la psychiatrie. A ce titre, on confrontera les apports de deux psychiatres, l’un français (Lucien Bonnafé), l’autre italien (Franco Basaglia) connus pour s’être l’un et l’autre engagés dans des processus désaliénistes courageux et productifs, dont l’influence sur les
institutions spécialisées demeure déterminante (bien qu’assez méconnue).


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Etre bipolaire à l’université19/9/2011En résonance avec le dossier du mois sur lʼéchec scolaire et bipolarité chez les enfants, jʼai trouvé sur le site de lʼOnisep un article intéressant.

LʼOnisep (Office National dʼInformation Sur les Enseignements et les Professions) est un établissement public sous tutelle du Ministère de lʼEducation Nationale. Éditeur public, lʼOnisep élabore et diffuse toute lʼinformation sur les formations et les métiers auprès des élèves, des parents et des équipes éducatives.
Son site, http://www.onisep.fr , contient une section consacrée au handicap et à la scolarisation des élèves handicapés. Et ces jours-ci est paru un article sur le cas dʼune étudiante en faculté souffrant de trouble bipolaire.

Lʼarticle décrit simplement et sans dramatisation inutile le parcours de cette jeune femme. La maladie y est succinctement présentée, au même titre quʼun handicap "comme un autre". Voilà une évocation de la maladie psychique spontanée et naturelle qui fait plaisir à lire!
On y découvre les aides aux études dont dispose une étudiante en faculté en proie à des difficultés dʼordre psychiatrique, ainsi que les dispositions que lʼétudiante devra sans doute prendre dans sa vie professionnelle.

Une belle initiative de la part de lʼonisep et de la faculté en question ! Même si on regrette de voir une fois de plus le trouble bipolaire réduit, dans sa présentation, au type 1…


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Juliette et la bipolarité18/9/2011Cʼest avec grand plaisir que lʼéquipe de CTAH-Recherche accueille Juliette.

Juliette est au courant de tout ce qui se passe et vous rapportera toute lʼactualité qui concerne la bipolarité.

Bonne route à toi, Juliette !