La fuite
1/01/2008
Témoignages > Scènettes de vécu bipolaire
C’est la suite du post "une ombre plane, plane"
La fuite, changer d’école, changer de ville, changer de pays, parce que la honte, la culpabilité. Parce qu’â un moment, je n’ai pas agis décemment, je n’ai pas brillé, j’ai avoué ma faiblesse, alors j’ai honte, alors je pars.
Quand je perds pied, j’ai honte, quand je ne me maîtrise plus, j’ai honte, quand je montre un visage qui ne me plaît pas, j’ai honte. Je veux être maîtresse de ce que je dégage, de ce que les autres voient de moi. J’ai peur de me discréditer au regard de l’autre. Alors je n’agis plus, je me fige, je me paralyse dans une image qui passe partout, qu’on ne remarque plus. Je m’endors ; Mais je souffre parce qu’on ne me regarde plus, je souffre parce que c’est comme si j’étais morte-vivante, comme si je n’existais plus, je ne respirais plus. alors accès soudain de désespoir, j’agis sans réfléchir, sans contrôler, je fais n’importe quoi, pulsion de vie, pulsion de survie. Et puis je regrette, de m’être montrée vivante. Et â nouveau, j’ai honte, et je me cache, où bien je fuis.
J’ai peur de vivre, alors que je ne revendique que ça. J’ai peur du regard des autres, alors que je le cherche, et je le provoque. J’ai peur de choisir, et de m’engager, parce que j’ai peur d’être enfermée, emprisonnée. Et je m’emprisonne dans mon errance. J’ai peur d’agir car j’ai peur de regretter après.
J’ai peur.
Et puis d’un coup, c’est reparti ! Une musique, un mot, un « signe », un film, et je repars. Rien ne peut m’arrêter, je crois en moi , en tout. Je veux déplacer des montagnes, j’ai d’énormes ambitions, je fais des plans extraordinaires, j’invente des stratégies judicieuses. Rien ne me semble impossible. Je n’ai plus peur.
Et puis le désintérêt, pas la force, pas l’envie, ça reviens, et la peur aussi. Et quelques semaines ou mois plus tard, j’entends que quelqu’un est allé au bout des mêmes idées que moi, et il a réussi. Je me sens nulle, incapable d’aller au bout de mes actions, faible et paresseuse, trop gentille. Et je me sens mal et coupable, et j’ai honte encore, parce que il faut être fort, pour être aimé.
Etre aimée, tout un programme, semé de murs, de sommets et de contradictions, et d’illusions..
Et quand je ne suis pas assez aimée dans un lieu, je change, je pars : Ecole primaire} collège} lycée} Paris} Toulouse} Lot} Madrid} Charente} Toulouse} Le Havre} Paris} Toulouse ?
Je voudrais être heureuse, sans le regard de l’autre, sans son aval. Je voudrais être indépendante, ferme, déterminée, et aller au bout de mes choix sans abandonner.
Je voudrais arrêter de vouloir être aimée..
Je voudrais m’aimer..